Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 2)

DOI Heft:
Chronique française et étrangère
DOI Heft:
Nécrologie
DOI Heft:
Notre eau-forte
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18878#0036

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
24

L'ART.

guère digne de ce nom. Il est difficile d'imaginer bicoque en
plus pitoyable e'tat.

Benvenuto Cellini raconte qu'étant à Florence, il reçut une
lettre très flatteuse de Michel-Ange qui déclarait que ce buste
était une des plus belles choses qu'il eût jamais vues '.

Michel-Ange dit de son côté quelque part que, quand il
devait passer sur le pont Saint-Ange, il ne pouvait s'empèchcr
d'entrer au palais Altoviti pour admirer ce chef-d'œuvre.

Russie. — Une particularité de l'art iconographique est
l'industrie des images religieuses en Russie. L'orthodoxie des
objets consacrés au culte est en grande vénération dans tout
l'empire comme aux temps primitifs.

A Troïtza, à Moscou, à Toulta, dans le centre de la Russie,
des villages entiers sont habités par des peintres, ou plutôt par
des artisans qui de père en fils confectionnent des christs, des
vierges, des saints sur les modèles parafés par l'autorité.

Tous les habitants, hommes, femmes, enfants, se livrent à
cette industrie au moyen de patrons découpés. Chacun a sa
tâche, toujours la même. Celui-ci peint les yeux; un autre, la
bouche; un autre encore découpe les rayons de métal qui
entourent la face. Un contre-maître donne l'ensemble.

De même que les anciens Athéniens coulaient en métaux
précieux les principales images de leurs divinités et les incrus-
taient de pierreries éclatantes, les Russes font aussi des images

I—l

en suivant le rite. Les chairs sont toujours peintes, les rayons
et les nimbes sont de vermeil ou d'or, les ajustements relevés
de perles fines, de diamants et autres joyaux du plus haut prix.

Ces produits riches ou modestes défrayent d'images reli-
gieuses la Russie tout entière et se répandent à profusion dans
tous les pays de rite oriental.

Chaque pièce d'un appartement, dans les palaiscomme dans
les demeures les plus humbles, a son image canonique suspendue
dans un coin apparent, symbole de l'œil de Dieu toujours
ouvert.

Nos soldats ont ramassé au cou des officiers et soldats tués
en Crimée des insignes de ce genre, que les Russes portent reli-
gieusement sur eux.

Les ouvriers imagiers russes n'ont rien qui, pour le talent,
les élève au-dessus des artistes ou figuristes qui dans l'Occident
pratiquent l'imagerie ou la sculpture religieuse.

En France, l'imagerie religieuse n'est pas une industrie
précisément spéciale : elle fait partie de l'imagerie populaire
qui représente toutes sortes de sujets selon le temps.

Les principales fabriques d'imagerie française sont celles
de Paris, de Rennes, de Limoges, de Nancy, de Montbéliard, et
surtout d'Epinal. C'est cette dernière ville qui de temps immé-
morial fournit la plus grande partie de l'immense commerce de
l'imagerie populaire.

NECROLOGIE

— Un peintre distingué, M. Hugues Merle, élève de
M. Léon Cogniet, est mort à Paris, 55, rue de Lisbonne,
à la suite d'une courte maladie.

M. Merle n'était âgé que de cinquante-huit ans; il était
né à • Saint-Marcellin (Isère), et avait débuté, à l'âge de
vingt ans, au Salon de 1843. Depuis, il avait successivement
exposé : la Migration des pâtres des Alpes, la Lisette de
Béranger, le Repos de la Sainte Famille en Egypte, la
Mendiante, actuellement au musée du Luxembourg,
l'Assassinat de Henri III, les Portraits des fils du duc de
Morny, Marguerite essayant des bijoux, Pernette, la
Fileuse, Carmosine, une Jeune fille d'Etretat, etc.

M. Merle avait été décoré de la Légion d'honneur
en 1866; il avait obtenu, en 1861, une médaille de seconde
classe avec rappel en 1865.

M. Merle laisse un fils, M. Georges Merle, qui est lui-
même un peintre de valeur.

— Auguste de Chatillon, tour à tour peintre, sculpteur
et poète, est mort à Paris à l'âge de soixante-treize ans.
C'était un romantique de la première heure et l'un des
fidèles du Cénacle. Il avait obtenu une médaille de troisième
classe au Salon de 1836, et, au Salon de 1837, une médaille
de deuxième classe.

— M. Uranjo P'ontana, professeur de chant, composi-

teur, ancien chef de chant à l'Opéra et aux Italiens, ancien
professeur au Conservatoire de musique de Paris, vient de
mourir, après une courte maladie, à Maisons-Laffite.

— Nicolas Rubinstein, le célèbre pianiste russe,
directeur du Conservatoire de Moscou, que son état de
santé avait fait envoyer à Nice, vient de mourir, le mercredi
23 mars, à Paris où la fatigue du voyage l'avait forcé à s'ar-
rêter.

Antoine Rubinstein, son frère, qui avait été mandé
d'Espagne — où il donnait des concerts — par dépêche
télégraphique, n'a pu arriver que jeudi.

C'est une perte sérieuse que l'art vient de faire : Nico-
las Rubinstein était un pianiste et un musicien de grand
talent. Ce fut lui qui organisa et qui dirigea, pendant l'Ex-
position universelle de 1878, les concerts russes du Troca-
déro, dont le succès fut si vif. Lui-même y obtint, comme
virtuose, de véritables triomphes.

La jeune école russe lui devait beaucoup. Il ne comptait
partout que des amis et des admirateurs. Du reste, jamais
aucun artiste ne fit de son talent un plus noble emploi.
Lorsqu'il donnait des concerts, c'était presque toujours
pour le soulagement d'une infortune.il fut particulièrement
admirable durant la guerre turco-russe, en se multipliant
pour procurer des secours aux blessés.

NOTRE EAU-FORTE

Ce numéro est accompagné de l'eau-forte qu'Adolphe La- 1 Willems, tableau qui faisait partie de la collection Wilson,
lauze a gravée pour l'Art d'après la Bonne Aventure de Florent | vendue le mois dernier par M0 Charles Pillet2.

1. I.a lettre de Michel-Ange à Benvenuto, relative à ce buste, se lit dans La Viia di Benvenuto Cellini scritta da lui medesimo, édition de Florence, Suceessori
Le Monnier, 1X66, page 430.

2. Voir l'Art, y année, tome Ier, page 3 p.

Le Directeur-Gérant : EUGENE VERON.
 
Annotationen