LE SALON DE i 88 i.
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satisfait. Mais M. Duez ne s'en est pas toujours tenu là, il a su nous donner à ses heures des
tableaux conçus, médités, réfléchis, comme le Saint Cuthbert dont nous parlions tout à l'heure, et
nous n'avons pas à cacher nos préférences pour des œuvres qui, comme celle-là, joignent à une
impression vraie une ordonnance magistrale et une pensée bien conçue et bien exprimée.
Nous disions tout à l'heure que le genre historique était abandonné, il serait plus juste de
dire que la peinture d'histoire est un genre à créer, car elle n'existe pas aujourd'hui. Nous nous
refusons absolument à donner le titre de tableaux d'histoire à des ouvrages tels que le Samson et
Après un déjeuner; — bords de la Seine.
Dessin de D. R. Knight, d'après l'une des figures de son tableau. (Salon de 1S81.)
Dalila, le Baja\et dans sa cage, le Festin d'Héliogabale et autres peintures de dimension colossale,
qui occupent au Salon une surface métrique très grande, mais qui n'ont aucune importance dans
le monde des arts. Chaque exposition nous apporte un certain nombre de toiles du même genre,
que la critique signale quelquefois avec colère, mais que le public accueille toujours avec la même
indifférence. Nous croyons cependant que la peinture a des ressources aussi grandes que la
littérature, qui, à côté de ses poètes et de ses romanciers, a ses historiens et ses chroniqueurs :
la représentation d'un fait répond au récit de l'écrivain, comme la représentation d'une personne
ou d'un site répond à sa description. Seulement la littérature a eu ses Augustin Thierry et ses
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satisfait. Mais M. Duez ne s'en est pas toujours tenu là, il a su nous donner à ses heures des
tableaux conçus, médités, réfléchis, comme le Saint Cuthbert dont nous parlions tout à l'heure, et
nous n'avons pas à cacher nos préférences pour des œuvres qui, comme celle-là, joignent à une
impression vraie une ordonnance magistrale et une pensée bien conçue et bien exprimée.
Nous disions tout à l'heure que le genre historique était abandonné, il serait plus juste de
dire que la peinture d'histoire est un genre à créer, car elle n'existe pas aujourd'hui. Nous nous
refusons absolument à donner le titre de tableaux d'histoire à des ouvrages tels que le Samson et
Après un déjeuner; — bords de la Seine.
Dessin de D. R. Knight, d'après l'une des figures de son tableau. (Salon de 1S81.)
Dalila, le Baja\et dans sa cage, le Festin d'Héliogabale et autres peintures de dimension colossale,
qui occupent au Salon une surface métrique très grande, mais qui n'ont aucune importance dans
le monde des arts. Chaque exposition nous apporte un certain nombre de toiles du même genre,
que la critique signale quelquefois avec colère, mais que le public accueille toujours avec la même
indifférence. Nous croyons cependant que la peinture a des ressources aussi grandes que la
littérature, qui, à côté de ses poètes et de ses romanciers, a ses historiens et ses chroniqueurs :
la représentation d'un fait répond au récit de l'écrivain, comme la représentation d'une personne
ou d'un site répond à sa description. Seulement la littérature a eu ses Augustin Thierry et ses