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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 2)

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Trélat, Emile: L' enseignement de l'architecture en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.18878#0269

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L'ENSEIGNEMENT DE L'ARCHITECTURE EN FRANCE. 241

plus efficacement que par la route ordinaire à la profession d'architecte. A l'atelier débonnaire et
dépourvu, elle substitue un enseignement laborieux et attrayant; à l'isolement du maître unique,
elle ajoute le nombre des chaires, la variété des exercices, la concurrence incessante des actions
les plus diverses sur l'esprit de la jeunesse.

Pour atteindre ce résultat, l'École spéciale d'architecture a mis à profit la belle et fructueuse
expérience de l'Ecole centrale des arts et manufactures qui, d'emblée, a créé en même temps
l'établissement d'instruction et la profession des ingénieurs civils. Elle a emprunté ainsi, à une
organisation qui ne laisse rien à désirer après plus de trente ans d'expérience, la forme de l'ensei-
gnement qui lui convient. Toutefois, une grande différence sépare les deux établissements.

L'enseignement architectural dérive de trois ordres d'idées concourant au même but :

i° Il comporte une suite de connaissances positives qui constituent la science technique de
l'architecte, conquête toute moderne. De compliqué, d'incertain, de lent qu'il était, le procédé de
construction est devenu simple, sûr, expéditif; d'empirique et d'approximatif, il s'est fait positif et
rationnel, c'est-à-dire susceptible d'exposition méthodique et raisonnée. Voilà la première force
dont l'architecte doit être doté.

20 II conduit et élève l'intelligence de l'artiste jusqu'à l'appréciation du but que poursuit l'art,
jusqu'à la mesure du cadre qui appartient à l'architecture, jusqu'à la fixation du problème
architectural, jusqu'au développement de son mode d'expression. C'est la doctrine de l'art, qui
s'expose ainsi, en découvrant les horizons où doit se mouvoir la passion convaincue de l'artiste.

3° Enfin, il procède à son assimilation par l'exercice des applications.

De ces trois branches d'enseignement, la dernière tient le premier rang par le temps qu'elle
exige. La composition et le dessin, qui en est le moyen, constituent cet exercice; ils se concentrent
à l'atelier, qui devient ainsi le centre autour duquel rayonnent les études.

Bien que le dessin ne soit qu'un moyen, non un but, pour l'architecte, cet artiste se trouve
sans cesse dans la nécessité d'en user pour formuler ses idées et préparer la réalisation de ses
œuvres. Et comme il ne peut se rendre compte de ces dernières, de leur aspect, de l'effet
qu'elles produisent que par la valeur de l'image anticipée qu'il en fera, comme il est appelé à
concevoir des édifices ou des objets comportant les formes les plus variées et les plus compliquées,
il faut qu'il ait dans son crayon une ressource qui ne le secondera jamais assez. Aussi, à la
condition de ne pas laisser oublier le but de l'art, au profit de ce moyen attrayant en lui-même,
l'enseignement du dessin à l'École d'architecture est-il fortement installé et suivi. A l'inverse de
ce qui se passe à l'École des arts et manufactures, un long temps est consacré aux exercices
qui touchent plus ou moins directement au dessin, l'enseignement oral ne conservant que le temps
strictement nécessaire aux connaissances indispensables à l'architecte.

On a vu précédemment la nature et la variété des enseignements spéciaux et l'indication des
chaires où sont développées la technique de l'architecte et la doctrine de l'architecture. Ces
cours se distribuent de manière à se servir réciproquement et à aider la marche et la nature
progressive des compositions dans les ateliers. Ils concourent à étendre les connaissances générales
de l'architecte, tout en fixant le cadre de son instruction spéciale. Pour tous les détails du
régime de l'enseignement, nous devons renvoyer aux programmes des conditions d'admission et
du mode d'instruction que l'École répand avec libéralité.

Terminons en rappelant ce que disaient, il y a plus de quinze ans, les fondateurs de l'École
au moment de sa création : « En se fondant, l'École spéciale a eu la bonne fortune de ne léser aucun
droit, de ne blesser aucun intérêt, de n'éveiller aucune susceptibilité. Dans le grand domaine de
l'art, où tant de convictions respectables et passionnées se rencontrent, sa place est libre, elle la
prend; son rôle est vacant, elle s'y engage. Comme toute œuvre de fécondation, elle fuit les
champs de guerre et s'installe pacifiquement au nom des pressants et légitimes besoins du
présent. »

Émile Trélat,

Directeur de l'Ecole spéciale d'architecture.

Tome XXV.

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