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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 2)

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Ménard, René: Le salon de 1881, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18878#0235

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LE SALON DE 1881.

2T3

Padoue a le premier eu l'idée de prêcher aux poissons, mais que l'honneur de les avoir convertis
revient à saint François d'Assise.

Presque tous les peintres qui ont voulu se faire les interprètes du Dante se sont attachés
à rendre le côté effroyable des scènes de l'enfer, et, en voulant chercher l'horrible, ils sont sou-
vent tombés dans une laideur qui n'est que repoussante. C'est à un tout autre point de vue que
s'est placé M. Maignan dans sa Rencontre du Dante avec Matilda. Le poète italien se montre
sous son allure traditionnelle, sans laquelle d'ailleurs il perdrait toute sa personnalité. Mais,
quoiqu'il soit au premier plan, il s'efface en quelque sorte, de façon que l'œil du spéctateur est
invinciblement attiré vers l'apparition qui forme le noeud du tableau. Matilda, « choisissant des
fleurs parmi celles dont toute la route était émaillée, » surgit comme une image radieuse au
milieu d'un paysage printanier. Elle forme le centre lumineux de la composition, et son mouve-
ment, plein de grâce, fait le plus charmant effet au milieu des arbustes en fleur sur lesquelles
elle se détache. C'est une des meilleures toiles du Salon, et elle constate un très grand progrès
chez un artiste qui n'en est plus à faire ses preuves.

Les deux tableaux exposés par M. Bouguereau ne nous apprennent rien de nouveau sur cet
artiste, dont le talent est chaque année l'objet d'appréciations si diverses. La Vierge aux anges
est un tableau aimable dont la grâce, un peu affectée, ne peut manquer de plaire aux jeunes
filles, et dont on pourra faire une charmante vignette pour illustrer les paroissiens. L'Aurore
est une svelte jeune fille aérienne qui plane au-dessus des eaux en sentant l'arôme des fleurs :
excellente figure décorative qui, sur la panse d'un vase de Sèvres, serait d'un effet exquis. La
recherche systématique du poli de l'ivoire dans la représentation des chairs, l'absence voulue de
tout ce qui, dans la touche, ressemblerait à un accent, est chez cet artiste le résultat d'une
conviction absolue, au service de laquelle il met un savoir qui exclut route hésitation et prend la
certitude d'un parafe.

Nous n'en dirons pas autant pour M. Puvis de Chavannes. L'admiration très vive que nous
professons pour son talent nous impose le devoir de dire toute notre pensée sur le Pêcheur qu'il
a envoyé cette année. Eh bien, franchement, M. Puvis de Chavannes s'est complètement fourvoyé.
Ce peintre a le don de ne rien savoir faire à demi; comme tous les audacieux, quand il ne s'élève
pas très haut, il descend très bas. Une des particularités de cet intéressant artiste, c'est que le
terme de médiocre n'a jamais pu être appliqué à aucune de ses œuvres.

Il y a des artistes qui, pour parer à l'indifférence que le public montre assez souvent pour
la peinture décorative, trouvent moyen de captiver l'attention par des procédés tout particuliers.
C'est ce qu'a fait M. Blanc pour un Triomphe de Clovis, destiné à la décoration du Panthéon.
Aligner des personnages qui se suivent comme des capucins de cartes peut, à la rigueur, passer
pour de la soumission aux traditions décoratives de nos vieux monuments religieux. Personne
n'en a voulu à Flandrin pour sa longue suite de saints, dont la disposition symétrique est du
plus grand caractère, parce que chaque personnage a un style superbe et un type approprié à
son rôle. Mais M. Blanc, qui voulait donner du piquant à la scène, a imaginé de montrer chacun
des personnages de son tableau sous les traits d'un homme très connu : MM. Gambetta, Lockroy,
Antonin Proust, Paul Bert, Coquelin, etc. Comme il faut tout prévoir, M. Clémenceau fait
partie du cortège; mais l'artiste a manqué d'audace en ne mettant pas là, fût-ce au second
plan, Mmes Paule Mincke et Louise Michel. On ne sait pas ce qui peut arriver, après tout. Tous
ces personnages, qui constituent l'armée de la Foi, marchent avec l'allure de gens qui n'ont pas
une suffisante habitude des processions. Mais l'éclectisme qui a présidé au choix des portraits
peut offrir à un moment donné certains avantages. Si, par exemple, la destination du Panthéon
venait à changer, il suffirait d'enlever le calice surmonté d'une hostie, que porte la Foi, et de
le remplacer par un autre emblème.

M. Blanc avait assez de talent pour laisser à d'autres ces moyens de se faire remarquer; à
force de jaser sur les personnages, le public finit par ne plus faire attention aux qualités réelles
de sa peinture.

Le Mariage civil de M. Gervex, panneau décoratif pour la mairie du XIXe arrondissement,
 
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