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Varenne, Gaston: Le vingtième salon des artistes décorateurs français et les problèmes de l'art moderne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.13711#0511
Je resume dans ses grandes lignes des theories
bien connues. On les retrouve identiques. chez les
novateurs de tous les pays. Elles sont en effet
internationales, ou plutöt elles sont le reflet direct
de conceptions que TAmerique essaie d'imposer au
monde, menace non dissimulee contre les principe?
sur lesquels s'est edifiee lentement notre culture
europeenne. Qui Pemportera ä Pavenir, de cet ideal
nouveau ou de l'ideal ancien. capable du reste d'evo-
lution, toute Tangoisse de l'heure presente est dans
cette question.
Le Werkbund allemand a fait siennes. en grande
Partie, ces conceptions anti-individualistes. Nous
admirons beaucoup la hardiesse de son action, sa
volonte de realisation. son esprit de suite. sa lutte
en faveur, non point d'un art nouveau. mais d'une
vie meilleure, riche de mille possibilites. Mais cet
ideal qui s'oppose si completement ä notre ideal
latin et meme europeen. est loin de s'imposer ä
toute FAIIemagne d'aujourd'hui. Reconnaissons-Ie.
non pas pour risquer de vaines critiques, mais parce
que c'est la verite.
Si forte que soit en effet l'admiration de l'Alle-
magne pour cette discipline sociale dont l'Amerique
nous propose aujourd'hui l'exemple, il y a chez eile
des resistances qui ne se laisseront pas reduire
aisement, de meme que notre culture latine n'est
pas prete ä abdiquer de si tot devant la pretendue
superiorite de la culture d'outre-Atlantique. Quel-
ques artistes allemands fatigues dejä de cette dis-
cipline utilitaire on fait entendre leurs voix. Elles
rendent des sons qui nous sont familiers.
C'est Richard Lisker, de Francfort. qui. dans un
ouvrage publie par les soins du Werkbund et dont
le temoignage ne saurait etre suspect1). ecrit tex-
tuellement ceci: « Nous ne pourrions. ä la longue.
nous contenter de ce qui est strictement necessaire
aux besoins de l'existence. Nous voulons affirmer
notre superiorite sur la vie par un peu de superflu.
par la poursuite d'elements irrationnels. Reconnais-
sons. du reste, que toute civilisation s'est toujours
edifiee en ayant en vue ce superflu, ce qui depasse
les pures necessites de la lutte pour la vie ... Ce
jeu avec les elements irrationnels recommencera:
il n'a jamais cesse au surplus et il est faux de le
considerer comme une vaine illusion.»
Voici l'ecole de Darmstadt en qui se reflete
I esprit rhenan. influence souvent par les artistes
viennois, qui oppose ä la conception de Dessau, du
Werkbund, de l'Allemagne du Nord, une culture plus
occidentale. plus meridionale aussi et plus souriante.
La sagesse de Darmstadt ne nie pas l'apport du
Passe. Elle cherche ä etre moderne en composant
avec lui; eile ne veut pas sacrifier aux interets gene-
raux la fantaisie individuelle et la libre personnalite
de l'artiste. Wilhelm Michel ne considere-t-il pas le
culte de la machine, auquel notre epoque sacrifie si
volontiers, comme un pis aller? L'homme ne s'y re-
signe que s'il ne trouve pas d'objet d'art lui procurant
les satisfactions qu'il est en droit d'en attendre. II
ParaTt donc dangereux de ne pas ajouter aux con-
ditions imposees ä l'objet d'utilite. I'attrait d une
forme plaisante au regard comme au toucher. voire
' attrait d'une forme ornee. pourvu que 1'ornement
ne detruise pas ou ne contrarie pas l'utilite de cette
Innen-Räume. Akad. Verlag Dr. F. Wedelnd, Stuttgart 1928
Büro Bureau
Entwurf Projet Designer: Architekt Djo Bourgeois
Verwaltungsbüro
Entwurf Projet, Designer: Architekt Michel Roux-Spitz
Un bureau d'Administ'ation
Administration-Office
Herrenzimmer. Möbel aus Palisander, schwarzem Glas und
vernickeltem Stahl
Entwurf Projet Designer: Etienne Kohlmann
Chambred'nomme. meubles en palissandre.verre noiretmetal nickele
Gentlemen's room. Furniture in palisander, black gtass and nickel-
plated steel
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bien connues. On les retrouve identiques. chez les
novateurs de tous les pays. Elles sont en effet
internationales, ou plutöt elles sont le reflet direct
de conceptions que TAmerique essaie d'imposer au
monde, menace non dissimulee contre les principe?
sur lesquels s'est edifiee lentement notre culture
europeenne. Qui Pemportera ä Pavenir, de cet ideal
nouveau ou de l'ideal ancien. capable du reste d'evo-
lution, toute Tangoisse de l'heure presente est dans
cette question.
Le Werkbund allemand a fait siennes. en grande
Partie, ces conceptions anti-individualistes. Nous
admirons beaucoup la hardiesse de son action, sa
volonte de realisation. son esprit de suite. sa lutte
en faveur, non point d'un art nouveau. mais d'une
vie meilleure, riche de mille possibilites. Mais cet
ideal qui s'oppose si completement ä notre ideal
latin et meme europeen. est loin de s'imposer ä
toute FAIIemagne d'aujourd'hui. Reconnaissons-Ie.
non pas pour risquer de vaines critiques, mais parce
que c'est la verite.
Si forte que soit en effet l'admiration de l'Alle-
magne pour cette discipline sociale dont l'Amerique
nous propose aujourd'hui l'exemple, il y a chez eile
des resistances qui ne se laisseront pas reduire
aisement, de meme que notre culture latine n'est
pas prete ä abdiquer de si tot devant la pretendue
superiorite de la culture d'outre-Atlantique. Quel-
ques artistes allemands fatigues dejä de cette dis-
cipline utilitaire on fait entendre leurs voix. Elles
rendent des sons qui nous sont familiers.
C'est Richard Lisker, de Francfort. qui. dans un
ouvrage publie par les soins du Werkbund et dont
le temoignage ne saurait etre suspect1). ecrit tex-
tuellement ceci: « Nous ne pourrions. ä la longue.
nous contenter de ce qui est strictement necessaire
aux besoins de l'existence. Nous voulons affirmer
notre superiorite sur la vie par un peu de superflu.
par la poursuite d'elements irrationnels. Reconnais-
sons. du reste, que toute civilisation s'est toujours
edifiee en ayant en vue ce superflu, ce qui depasse
les pures necessites de la lutte pour la vie ... Ce
jeu avec les elements irrationnels recommencera:
il n'a jamais cesse au surplus et il est faux de le
considerer comme une vaine illusion.»
Voici l'ecole de Darmstadt en qui se reflete
I esprit rhenan. influence souvent par les artistes
viennois, qui oppose ä la conception de Dessau, du
Werkbund, de l'Allemagne du Nord, une culture plus
occidentale. plus meridionale aussi et plus souriante.
La sagesse de Darmstadt ne nie pas l'apport du
Passe. Elle cherche ä etre moderne en composant
avec lui; eile ne veut pas sacrifier aux interets gene-
raux la fantaisie individuelle et la libre personnalite
de l'artiste. Wilhelm Michel ne considere-t-il pas le
culte de la machine, auquel notre epoque sacrifie si
volontiers, comme un pis aller? L'homme ne s'y re-
signe que s'il ne trouve pas d'objet d'art lui procurant
les satisfactions qu'il est en droit d'en attendre. II
ParaTt donc dangereux de ne pas ajouter aux con-
ditions imposees ä l'objet d'utilite. I'attrait d une
forme plaisante au regard comme au toucher. voire
' attrait d'une forme ornee. pourvu que 1'ornement
ne detruise pas ou ne contrarie pas l'utilite de cette
Innen-Räume. Akad. Verlag Dr. F. Wedelnd, Stuttgart 1928
Büro Bureau
Entwurf Projet Designer: Architekt Djo Bourgeois
Verwaltungsbüro
Entwurf Projet, Designer: Architekt Michel Roux-Spitz
Un bureau d'Administ'ation
Administration-Office
Herrenzimmer. Möbel aus Palisander, schwarzem Glas und
vernickeltem Stahl
Entwurf Projet Designer: Etienne Kohlmann
Chambred'nomme. meubles en palissandre.verre noiretmetal nickele
Gentlemen's room. Furniture in palisander, black gtass and nickel-
plated steel
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